Vous pensez y échapper. Maintes fois vous avez déjoué ses plans machiavéliques jusqu’au jour où votre sœur bien-aimée vous appelle un vendredi matin :
« Pourrais-tu garder les enfants ce week-end ? »
« Heu… Je… »
« C’est très important, j’ai ma première chimio, je risque d’être très malade, je compte vraiment sur toi. »
« Heu… Ton mari ne peut pas ? »
« Tu sais bien qu’il est parti depuis deux ans avec sa secrétaire et toutes nos économies. »
« … et ta mère ? »
« Mais maman est morte ! »
« Oh mon dieu, désolée, je ne savais pas. »
« Alors, tu peux les garder ? S’il te plaît ! »
« Heu… OK ! »
Vous voilà prise au piège !
Vous vous maudissez pour votre faiblesse et surtout celle de votre sœur !
Quelle chochotte, chimio, gnagnagna ! Malade, gnagnagna !
Vous aussi, vous faites des chimios : désolée, mais trois injections de botox et d’acide hyaluronique par mois, ça, c’est une chimio !
Et vous n’en faites pas une maladie ! Vous ne lui donnez pas votre poisson rouge à garder !
Pendant que vous évacuez tous vos objets précieux, vous réfléchissez…
Qu’est-ce qui pousse les femmes à avoir des enfants ?!
Quelle idée saugrenue de laisser pousser un truc pareil dans le ventre pendant neuf mois, durant lesquels elles se transforment en bonbonnes incontinentes et flatulentes, les nichons gonflés comme les outres en peau de chèvre des bédouins du Sahara !
Entre vomissements et envie de pizza au camembert…
Pour, au final, expulser de leur tendre minou 3 kg 500 de d’emmerdements nauséabonds et braillants, se transformant en plusieurs dizaines de barbacks boutonneux, capricieux, ruineux, avant qu’ils ne vous abandonnent au crépuscule de votre vie sur une aire d’autoroute ou dans un chenil pour vieux, où vous serez euthanasiée rapidement !
De quelles névroses souffrons-nous, les femmes, pour passer par mille tortures entre hémorroïdes et vergetures, pour voir nos jolies foufounes veloutées transformées en horribles babines pendouillantes de boxer !
Vous pouvez dire adieu à votre périnée : votre plancher pelvien ne sera plus qu’une vieille semelle caoutchouteuse.
Quant à votre poitrine, dont vous étiez si fière, c’est maintenant deux sachets « Intermarché » dans lesquels vous auriez oublié deux clémentines blettes.
OUI, JE NE COMPRENDS PAS POURQUOI DIEU NOUS INFLIGE DE TELLES TORTURES !
Sans doute à cause d’une connasse nudiste qui n’a pas pu s’empêcher de bouffer un kiwi alors que le panneau stipulait noir sur blanc de « ne pas toucher aux arbres »… Je m’énerve…
Bon, le jour maudit arrive, ainsi que les deux enfants : un tourbillon qui va rapidement transformer votre appart douillet en capharnaüm. Comment allez-vous vous en sortir ?
Voici ce qu’il faut faire et ne pas faire :
– Les enfants mangent trois fois par jour !
– Les bébés doivent être changés plusieurs fois par jour !
– Contrairement aux couches, les bébés ne sont pas jetables.
– Résistez à l’envie de mettre cinq Xanax dans leur Danao.
– Contrairement à la légende, les enfants ne sont pas en caoutchouc : ils peuvent se casser quelque chose si vous les jetez du balcon !
– Les enfants ne boivent pas d’alcool, ne fument pas et ne sniffent pas !
– Les enfants ne vont ni en boîte ni en club échangiste.
– Les enfants ne peuvent pas rester longtemps sans respirer.
– On ne congèle que ses propres enfants ! Respectez la chaîne du froid !
– Ne les sous-louez pas au fils de votre voisin en échange d’argent de poche, il a une fâcheuse tendance à démonter ses jouets pour voir ce qu’il y a dedans. Vous aurez grande peine à remettre les entrailles de votre petite nièce en place et à recoudre le tout – vous n’êtes pas douée en couture !
-Les ados ne se congèlent pas.
– Installez-les devant la télé avec des Chocapics ; ils vous foutront la paix une partie de l’après-midi !
– S’ils sont ados, quelques films porno et quelques boîtes de Kleenex vous laisseront un répit ; évitez cependant de laisser traîner les films dans lesquels vous jouez, vous n’aurez plus d’autorité !
– Faites-leur comprendre que votre poire à lavement n’est pas faite pour servir de pistolet à eau.
– Empêchez Kevin de faire un smoothie avec la Barbie de Jennifer dans votre robot ménager.
– Non, Kevin, le grand machin qui vibre n’est pas l’épée de Dark Vador !
– Non, Kevin, tu ne peux pas descendre jouer dehors avec ma guêpière !
– Non, Jennifer, tu es trop jeune pour prendre des Ecstasys !
– Non, Jennifer, on ne touche pas le zizi du voisin, même s’il est plus gros que celui de papa !
– Non, Jennifer, on ne touche pas le zizi du voisin en échange de bonbons !
Demande au moins 50 euros ! Ils vous apprennent quoi à l’école ?!
– Idem pour toi, Kevin !
– Ne les laissez jamais vous appeler Tata ! Jamais… JAMAIS !
Si vous leur proposez de faire un jeu de société :
N’appelez pas vos compagnons de jeu habituels : Kevin et Jennifer sont un peu jeunes pour une soirée SM.
Si vous jouez au Scrabble, ne mettez pas « fist-fucking » ou « blennorragie » pour avoir plus de points !
Vous risquez d’être mal à l’aise pour expliquer ce mot et encore plus mal à l’aise pour expliquer à votre sœur pourquoi Kevin a dû copier 100 fois « je ne dois pas amener de lubrifiant en classe ».
Malgré ce que vous pensez, les enfants sont des êtres sensibles.
Ne leur annoncez pas tout de go que leur maman va mourir, que leur papa s’appelle désormais Edwige, ou que si vous emmenez Jennifer au zoo, c’est sans doute que l’année prochaine, avec sa leucémie, il sera trop tard !
Il faut parfois faire preuve de tact et d’amour…
Je vais gerber…